Localisation
Carte 1345 Ouest Cambo-les-Bains.
Altitude : 716m.
Ce col, situé entre le mont Artzamendi au Nord-Est, et le mont Iguski au Sud-Ouest, est le siège d’une importante nécropole.
Histoire et description sommaire
Le site de Méatsé a été découvert par J.M. De Barandiaran, en 1943, qui signale (Barandiaran 1949b) un dolmen ( dolmen de Iuskadi ) (fouillé en 1973) et 3 cromlechs au niveau du col ( groupe Méatséko-Lepoa ), avec, au Sud-Ouest de celui-ci, les 5 cercles du groupe Iuskadi, et au Nord-Est, le groupe Méatseko-Bizkarra avec 3 cercles, dont un contenant la borne frontière n°81 en son centre. Par la suite, ce col fit l’objet, sous la pression des circonstances, de nombreuses interventions qui permirent de mieux connaître le nombre des monuments et d’en préciser les architectures.
Dès 1970, J. Blot remarquons que le cromlech n°10 a été amputé de son tiers Nord-Ouest par le passage de la route, et que des éléments de son coffre central apparaissent dans la coupe, alors que son voisin immédiat, au Sud-Ouest, le cromlech n°9, est toujours intact.
J. Blot effectuons une fouille de sauvetage sur 2 cistes (numéros 4 et 7 du plan), qui ne font que préciser leur structure, et sur le cromlech n°1, menacés par des engins de terrassement (Blot 1970). Ce dernier cercle mesure 5,50m environ de diamètre, et il est formé d’une alternance régulière de petits amas de dalles horizontales séparées par des dalles plantées de chant et de façon radiale. Au centre un volumineux coffre, à grand axe Nord-Ouest Sud-Est, formé d’une dalle mesurant 1,30m de long et 1,10m de large reposant sur 7 montants, dont le plus important est un bloc de grès de 1,50m de long, disposé horizontalement au Nord-Ouest sur le sol préalablement décapé (comme cela a été la règle pour tous les monuments de cette nécropole). Six autres dalles de modestes dimensions complètent ce coffre. À part un semis de particules carbonées, réparti dans l’ensemble du monument, il n’y avait ni mobilier ni dépôts d’ossements humains calcinés.
En 1971 et 1973, les travaux sont poursuivis par Cl. Chauchat sur le n°1, (Chauchat 1977), dont il achève de dégager la totalité du péristalithe ainsi que sur le cromlech n°2 tangent au précédent qui laisse apparaître une petite partie de sa couronne et son caisson central, à grand axe Ouest Nord-Ouest Est Sud-Est, constitué d’une dalle reposant sur 4 montants verticaux, et sans autre dépôt que des particules de charbons de bois qui ont pu être datées : (Ly 881) mesure d’âge : 2380+-130 (BP ), soit en date calibrée (BC) : 800-165. Le caisson n°5 est dégagé, mesurant environ 0,90m x 0,90m, formé d’une dalle horizontale reposant sur 5 petits montants verticaux ; pas de mobilier, ni charbons de bois, ni dépôts osseux. Le cromlech n°6 a fait l’objet d’une fouille complète : une couronne de dalles de grès empilées les unes sur les autres, inclinées vers l’extérieur, réalisant une murette de pierres sèches de 4m de diamètre et 0,50m de large, entoure un caisson central. Ce dernier est formé d’un petit cercle de 1,20m de diamètre constitué de petites dalles plantées obliquement s’appuyant sur une dalle de couverture horizontale. Pas de mobilier ni de dépôts d’aucune sorte.
Le cromlech n°7, tangent au Sud-Ouest du précédent, n’a été que très partiellement dégagé, mettant au jour une petite portion d’un péristalithe mesurant environ 3m de diamètre, constitué de dalles empilées de façon désordonnée, et un coffre central rectangulaire de1,10m de long et 0,50m de large à grand axe orienté Nord-Est Sud-Ouest, avec une dalle de couverture reposant sur 4 dalles verticales ; ni mobilier, ni dépôts.
Tous ces monuments, après leur fouille, ont été laissés à l’air libre, à la vue de tous et ils ont donc été considérablement dégradés dans les mois suivants, non seulement par les intempéries, mais en servant aussi bien de foyer de camping que de dépotoirs pour les promeneurs ou l’armée en manœuvre…
Devant un tel massacre du patrimoine archéologique, J. Blot avons décidé, avec l’accord du Directeur de Antiquités Historiques d’Aquitaine, de procéder à l’avenir, après toute fouille, au recouvrement total des monuments.
En 1979, J. Blot reprenons les fouilles de sauvetage, cette fois sur le monument contenant le caisson n°5, que J. Blot fouillons totalement (Blot 1979b). Tout autour du caisson apparaît un véritable pavage de dalles disposées horizontalement, délimité à sa périphérie par une petite murette circulaire, continue, de 6m de diamètre et 1m de largeur, formée de nombreuses petites dalles de grès sans ordre apparent ou soigneusement empilées et inclinées, suivant les endroits, rappelant la disposition constatée au cromlech n°6. À l’extérieur de cette murette gisaient sur le sol, à intervalles réguliers, de grandes dalles mesurant 0,50m x 1m et paraissant avoir été initialement plantées verticalement, comme l’était encore l’une d’entre elles ; la dénomination de tumulus-cromlech n°5 J. Blot a paru dès lors totalement justifiée.
En 1992 et 1993 J. Blot fouillons en totalité le Cromlech n°8, dont la très belle architecture a été partiellement endommagée par un engin de terrassement (Blot 1979b). La couronne périphérique mesure 4,30m de diamètre et elle est constituée de petits amas de dallettes horizontales, séparés les uns des autres par des dalles verticales disposées de façon radiale. Au centre se trouve un coffre dont la dalle de couverture repose sur 7 montants verticaux ; de petites dallettes rendent ce réceptacle « étanche », tandis que de nombreuses autres dalles sont disposées en « pelure d’oignon » autour de ce coffre, plus à titre décoratif, semble-t-il, que de soutien. Aucun mobilier ni dépôts osseux, mais de nombreux petits amas de charbons de bois disséminés dans et hors le coffre central J. Blot ont permis d’avoir une datation au 14C : Gif 9573 : mesure d’âge : 2960+-50 BP, soit en date calibrée (BC.). :1313-1004. Lors de la fouille J. Blot avons pu constater la présence d’un cercle tangent au Sud Sud-Est (le futur n°11).
En 1994, J. Blot intervenons sur le Cromlech n°12 (Blot 1996a), dégradé par le passage des tous-terrains, et dont la structure est, elle aussi, très élaborée : il mesure 5m de diamètre, et sa couronne externe, ou péristalithe, est formée de 2 types d’éléments : un cercle interne de petites dalles groupées en amas distincts mais tangents les uns aux autres, et un cercle externe, discontinu, de grandes dalles disposées tangentiellement aux précédentes. Au centre, un coffre à grand axe orienté Sud-Ouest Nord-Est, constitué d’une belle dalle de couverture reposant sur 4 montants ; il est complètement stérile ; aucune datation n’a pu être effectuée. Disposés sur les dalles du péristalithe, J. Blot avons recueilli un outil, façon «chopping-tool» qui a pu servir à épanneller les dalles de ce monument, et un galet de poudingue en forme d’œuf. J. Blot voyons, dans ces dépôts, et tout particulièrement dans le dernier, un geste symbolique par excellence car, pour beaucoup d’ethnologues, l’œuf est un symbole de la vie future, celle qu’il recèle en lui à l’état potentiel.
En 1994 encore, une prospection électrique (étude de la résistivité des sols), est effectuée par Mr Martinaud, à la recherche de monuments rendus invisibles par les colluvions issues des deux sommets encadrant le col. Des « anomalies électriques », (auxquelles J. Blot attribuons des lettres majuscules), vont ainsi faire l’objet de sondages et parfois de fouilles plus complètes au cours des années suivantes, afin de déterminer si il s’agit de vestiges d’origine anthropique ou d’éléments naturels.
En 1995, J. Blot effectuons ainsi des sondages (Blot 1995b) dont un au voisinage immédiat du cromlech n°8, sur C 11, qui confirme bien l’existence d’un autre cercle, et aux pointsA,X1,Q,U. (voir plan). Le sondage au pointUrévèle une structure de dallettes empilées en position horizontale, l’ensemble formant un arc de cercle pouvant être interprété comme la fraction d’un cercle de pierres de 7m de diamètre environ. Au pointQ, il existe une grande dalle de couverture reposant en partie sur des montants verticaux, le tout très difficile à interpréter : on peut supposer qu’il y a 1 ou peut-être 2 caissons, dont l’un possède une grande dalle de couverture, et une fraction de cercle de pierres faisant partie de cet ensemble, à l’évidence d’origine anthropique.
En 1996, J. Blot effectuons la fouille complète du cromlech n°11 (Blot 2002), tangent au n°8, qui met en évidence un cercle de 4m environ de diamètre, une architecture semblable à celle de son voisin, et aussi soignée, avec amas de dallettes horizontales séparées par des dalles verticales ; deux galets de poudingue, en forme d’œuf, ont été recueillis entre et sur les dalles de ce péristalithe. Le caisson central, rectangulaire, à grand axe Nord Nord-Ouest, Sud Sud-Ouest mesurant 1,15m x 1m, n’est formé que par une dalle de couverture reposant sur 4 montants verticaux, sans dallettes ou blocs complémentaires de calage. Quelques petits dépôts de charbons de bois avaient été effectués dans et hors le coffre central ; J. Blot les avons recueillis pour datation. Résultat : Gif 10284 : mesure d’âge : 2705+- 75 (BP), soit en date calibrée (BC) : 1041-605. Il est donc plus récent que son voisin, ce que les modifications architecturales, au point de contact, avaient clairement évoqué.
J. Blot effectuons aussi des sondages (Blot 1996b) aux pointsA1,C,U5,T,S,P. Le pointU5révèle un coffre probable (centre d’un cromlech ?), avec des charbons de bois. EnS, on note un volumineux bloc de grès de 1,10m de large, de part et d’autre duquel s’appuient deux dalles verticales, avec présence de charbons de bois… pourrait-il s’agir d’un monolithe couché (?).
En 1997, les sondages (Blot 1997) portent sur les pointsE,F,G,H,D,I,J,L, etL. Les pointsHetLreprésentent deux cercles très probables. Le pointEcorrespond au péristalithe du caisson du cromlech n°2, péristalithe déjà partiellement dégagé par Cl. Chauchat en 1973. On note une structure en dalles de grès rose, présentant des traces d’épannelage, empilées les unes sur les autres d’une façon assez désordonnée, et sans dalles verticales ; le cercle ainsi délimité a 4,50m de diamètre.
Le pointFcorrespond à l’environnement du caisson n°4, que J. Blot avions fouillé en 1970. On dégage ainsi un amoncellement de dalles de grès rose, disposées tout autour du caisson de manière plus ou moins désordonnée, le tout correspondant parfaitement à un tumulus pierreux, dès lors appelé Tumulus n°4.
En 1998, J. Blot pratiquons des sondages étendus sur les deux derniers points cités (Blot 1998) :
Le pointHcorrespond bien au cromlech n°3, dont on voit parfaitement le péristalithe en secteur Nord Nord-Est et Sud Sud-Ouest, du même type que celui du cromlech n°8, c’est à dire une alternance d’amas de petites dalles horizontales, séparées par des dalles verticales en position radiale ; ce cercle mesure 5m de diamètre. Le caisson central, mesurant 1,30m x 0,90m, à grand axe Est-Ouest ; il est constitué par une dalle de couverture reposant sur 4 blocs parallélépipédiques, avec de nombreux petits blocs de calage ; pas de mobilier ni de fragments osseux calcinés, seulement un léger semis de particules de charbons de bois à l’intérieur du monument, mais qui n’ont pas pu permettre de datation.
Le pointLmet en évidence l’architecture d’un autre cercle avec son petit coffre central, monument que J. Blot dénommons cromlech n°13. Le péristalithe, dont le diamètre atteint 4,90m, est, là encore, formé par des assemblage de dallettes horizontales séparées par d’autres verticalement disposées ; le caisson central, mesurant 1,10m x 0,75m, à grand axe Nord-Ouest Sud-Est, présente une dalle couvercle reposant sur 4 autres dalles verticales, sans petits blocs de calage, ni dépôts osseux ; par contre il existait un semis de particules carbonées à tous les niveaux du monument et du coffre ; la datation au 14 C J. Blot donne : Gif 11091 : mesure d’âge: 2640+- 70 ans (BP), ce qui place ce monument à une époque plus récente que Méatsé 8 et Méatsé 11, mais plus ancienne que Méatsé 2 (voir aussi le tableau des datations en fin de texte). Enfin un petit galet de poudingue, de la forme et de la taille d’un œuf, avait été disposé entre péristalithe et coffre central, en secteur Est Sud-Est.
Ce bref bilan des travaux effectués à Méatsé permet de comprendre que nous ayons pu faire une certaine approche du symbolisme sous-jacent au rite d’incinération (Blot 1995a) et (Blot 2003). Tout d’abord, il est particulièrement perceptible dans le contraste entre la modicité des vestiges visibles au-dessus de la surface du sol - ceci même mmédiatement après la construction du monument - et la complexité réelle de ces architectures. Par ailleurs, celles-ci sont très riches en témoins de gestes symboliques - que nous constatons, même sans pouvoir en expliquer les motivations - tels les semis de particules carbonées dans l’ensemble du monument, les dépôts de charbons de bois dans ou hors de la ciste centrale, ou les dépôts de galets en forme d’œuf sur la couronne extérieure, tout ceci coexistant avec une absence de mobilier en général, et surtout avec l’absence (ou l’extrême discrétion) de restes humains. On a évoqué la possibilité que les restes osseux aient été détruits par l’acidité du sol. Il n’en est pas toujours ainsi, car les charbons de bois neutralisent cette acidité, et J. Blot avons par exemple trouvé des fragments de côtes, éléments particulièrement fragiles, qui avaient été protégés par un environnement de charbons de bois (Errozaté) ; inversement, il nous est souvent arrivé de ne pas trouver de restes osseux au milieu d’abondants dépôts carbonés…
Cette absence, voulue, est la preuve que ces monuments funéraires sont plus des « cénotaphes », que des sépultures vraies (le cas unique du tumulus-cromlech Millagate 4, à Lecumberry, contenant la totalité des ossements incinéré d’un défunt, reste une exception tout à fait remarquable).